Deux visages de la lutte environnementale à travers le numérique

Agir pour l’environnement via des initiatives virtuelles prend de plus en plus d’ampleur. A travers cette enquête et deux entretiens exclusifs, nous étudierons comment des acteurs à priori opposés, une start-up et un mouvement clandestin, encouragent à travers le numérique une mobilisation citoyenne en faveur de cette cause.

(english) Two digital approaches to the environmental struggle

It is obvious that fighting to prevent climate change using digital means raises many questions, in particular about technology’s carbon imprint and ecological impact. Nevertheless, movements born in the tech era naturally tend to come with similar DNA, but can be radically different at the same time. One of these movements, “Now You Know”, fights climate change by mobilising funding in favour of green initiatives. “La Ronce” (The Briar) is a clandestine online movement that recruits activists and sympathisers to protect bees. These digital initiatives help citizens make choices and fight to defend the environment. Our interviews aim to identify the ways in which the two movements’ methods diverge and what they have in common, despite their fundamental differences.

Il est évident qu’agir pour le climat à partir du numérique suscite d’importantes interrogations, notamment liées à l’impact écologique et à l’empreinte carbone produit par la technologie. Cependant, il est naturel que les mouvements nés dans l’ère technologique soient des enfants du même ADN, mais ces mouvements sont radicalement différents. L’un d’eux, Now You Know, agit pour le climat en développant une application mobilisant des ressources financières en faveur d’initiatives vertes.

La Ronce lance un mouvement clandestin en ligne capable de mobiliser des activistes ou des sympathisants pour la défense des abeilles. Ces initiatives numériques aident les citoyens à choisir et à lutter pour la défense de l’environnement. L’objectif de nos entretiens est d’identifier les terrains de divergence ou de convergence de ces méthodes, malgré leurs natures différentes.

Agir pour l’environnement à travers des initiatives numériques opposées

Parmi le large éventail de possibilités numériques, les start-up ou nouvelles entreprises prennent une place prépondérante. Tel est le cas de Now You Know, une application française qui permet à l’utilisateur de générer de l’argent depuis l’interface et le reverser à des projets environnementaux de son choix.  «Faire des dons gratuits», comme le dit Now You Know. Ces projets sont variés : cosmétique, hygiène, corps, énergie, plantation d’arbres, en passant par le soutien de projets d’innovations écologiques ou de recherche scientifique.

De l’autre côté, certains mouvements clandestins encouragent les gens à agir. C’est le cas de La Ronce, qui se définit elle-même comme «l’épine qui défend le vivant et se dresse contre ceux qui le détruisent». Son objectif est d’empêcher la vente de produits polluants. Ce collectif est né sur des plateformes virtuelles numériques populaires telles qu’Instagram et Youtube. Mais les acteurs de ce collectif ne se mobilisent pas seulement virtuellement, mais également sur le plan réel.

Selon Dominique Cardon et Fabien Granjon dans leur livre Médiactivistes, les technologies de communication individuelle comme internet et le téléphone portable confèrent à de nouveaux publics la possibilité de devenir des capteurs et des relais d’information, leurs permettent aussi de s’engager plus avant dans l’action collective.

L’activisme des groupes écologistes n’est pas nouveau, depuis plusieurs années de multiples organisations au niveau mondial se prononcent pour limiter les impacts du changement climatique, l’utilisation des pesticides, et les méthodes de l’agriculture intensive irrespectueuses de l’environnement. Dans ce contexte où le réseau numérique ne cesse de croître, les entreprises jouent un rôle important et certains collectifs numériques travaillent en partenariat avec elles, tandis que d’autres les combattent.

Soutenir des grandes entreprises ou lutter contre ?

Nous avons trouvé Know You Know, dans la liste des applications écologistes disponibles sur AppStore et PlayStore -les magasins virtuels des systèmes d’exploitation iOs et Android. En contactant son équipe, le fondateur a accepté de partager ses mots avec nous.

Au contraire, dans le cas de La Ronce, en tant que collectif anonyme sur Instagram, après avoir contacté ses administrateurs et envoyé différents mails, il était difficile d’obtenir des réponses de la part du ou des cerveaux de ce mouvement. Nous avons donc lancé un appel au public sur le même réseau social pour discuter avec un militant fidèle. Nous avons réussi à trouver une «épine», nom donné aux acteurs de ce réseau, qui a témoigné dans l’anonymat.

Benjamin Maubacq, jeune fondateur et CEO de Know You Know, nous dit qu’ils ont créé «un cercle vertueux. Les entreprises partenaires apportent de l’argent, les utilisateurs découvrent des projets environnementaux et suivent des quizzes dans l’ application, ce qui génère des  «Actes», monnaie virtuelle de la plateforme, qui sont ensuite reversés virtuellement par les utilisateurs à des projets concrets». Donc les utilisateurs gagnent de l’argent virtuel en regardant des projets que l’application partage dans leur interface et en répondant à des quizzes liés au sujet environnemental.

La banque des projets exposés dans l’application propose 250 alternatives éco-responsables françaises de différentes natures. Now You Now, en tant que SAS, facture les entreprises sponsors de «90% des revenus que nous générons grâce à la visibilité des entreprises. Cela permet d’alimenter la cagnotte de dons gratuits, que chaque utilisateur gère à partir de son compte pour financer les projets qu’il souhaite», nous livre le CEO de Now You Know. 

Ce dernier utilise les grandes entreprises pour obtenir l’argent avec lequel il effectue le reste du processus. Sans l’argent que ces entreprises apportent, il n’y aurait pas de monnaie virtuelle que les utilisateurs pourraient ensuite donner en argent réel aux projets présentés.

Les utilisateurs jouent alors un double rôle : celui de consommateurs de publicités (les produits ou projets mis en valeur), et celui d’agents décisionnels capables de choisir des projets écologiques à financer. Ces derniers gagnent ainsi en visibilité mais également en ressources financières grâce à cette plateforme et aux utilisateurs.

Du côté de la Ronce, ils ont publié un manifeste le 8 octobre 2020, pour décréter la naissance du mouvement, et déclarent :

«Je tiens une idée : inventer des gestes simples et peu risqués qui empêcheraient leurs 4×4 de rouler, leurs pubs de s’afficher, des gestes qui dégraderaient suffisamment l’emballage de leurs produits pour qu’ils ne puissent plus les vendre. Un geste aussi discret et rapide que celui de déboucher un bouchon, de mettre un coup de feutre sur la date de péremption, d’utiliser leur « ouverture facile – tirez ici » en zappant l’étape de l’achat.»

@la_ronce__

En regardant leurs appels et la couverture de presse, ce mouvement numérique essaye d’empêcher la vente de produits sucriers ponctuels, sous l’argument que les entreprises productrices utilisent des néonicotinoïdes. Ces derniers sont des pesticides utilisés dans la filière de la betterave sucrière. Selon l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), l’usage des produits à base de néonicotinoïdes en agriculture a suscité des inquiétudes dans de nombreux pays en raison notamment de leurs effets sur les insectes pollinisateurs.

La jeune parisienne enquêtée, qui travaille dans la banque, se considère comme une militante de la Ronce, et se sent à l’aise avec le fait d’être appelée «épine». Elle a détruit au moins 15 produits des marques désignées, et en est fière :

«…cela donne la sensation d’être dans un jeu vidéo…»

Cependant cette incitation au gaspillage peut sembler contradictoire à la lutte pour l’environnement. Est-ce que la fin justifie les moyens ? Pour notre interviewée «c’est comme voler quelqu’un qui vend des armes ou de la drogue, en plus ce sont les supermarchés qui devraient avoir honte des produits qu’ils vendent». La militante clandestine admet que l’ouverture des bouchons d’emballage du sucre est quelque chose de sérieux, qu’elle continuera à faire. Cependant elle n’ira pas jusqu’à dégonfler les pneus des SUV. 

«Pensez-vous que la lutte finale est contre les entreprises ou contre les organes de l’État qui permettent l’utilisation de néonicotinoïdes ?» c’était une question pour l’enquêtée, a laquelle elle a répondu :

«Dans mon cas, ce n’est pas contre les entreprises, en fait je ne suis pas très de gauche, mais je ne suis pas non plus d’accord avec le fait que l’État permet l’utilisation des néonicotinoïdes.»

Explique la jeune femme.

La Ronce n’est pas un collectif formalisé, s’opposant donc au mode de production de certaines grandes entreprises françaises et s’attaquant de manière ponctuelle et frontale à celles-ci. C’est précisément dans son manifeste qu’ils disent :

J’ai trop peu de pouvoir et ceux qui en ont ne font pas face. Ils fuient. Ils festoient sur les ruines, jusqu’à la dernière goutte de pétrole, le dernier arbre debout, la mort de la dernière abeille. Ils disloquent le navire pour construire leurs radeaux”. Pour encourager à l’action, la Ronce utilise les plateformes Instagram et Youtube comme porte-voix.

Croissance d’utilisateurs et activistes. Le Free Digital Labor impliqué ?

La popularisation de la technologie et la démocratisation de l’accès à celle-ci, a mis sur la scène internationale ces différentes options numériques pour agir en faveur des causes environnementales. Est-ce que ce type d’initiatives augmente progressivement le nombre d’adeptes? «l’idée de sensibiliser le grand public devient progressivement possible (…). De plus, le jeune public s’intéresse davantage à ce sujet que la génération précédente» s’exprime Maubacq. 

Pour La Ronce, selon les chiffres qu’ils ont eux-mêmes fournis publiquement, ils indiquent que plus de 1 400 personnes ont répondu à l’appel de déboucher des sucres dans les supermarchés, et en une semaine ils ont été capables de dégrader 55.000 produits des marques des entreprises utilisant des néonicotinoïdes.

«Vous croyez tout ce que dit le porte-parole de La Ronce ? C’est-à-dire en termes de quantité d’épines et de leurs actions ?»C’était une question pour l’activiste parisienne, «Mais oui pourquoi pas ? Ça se voit dans les annonces du supermarché» a-t-elle répondu.

Une variable à considérer dans la diffusion du message pourrait être le nombre d’utilisateurs et de followers sur les réseaux sociaux dans chacun des cas. L’application a dépassé les milles téléchargements sur AppStore et PlayStore, et ils ont presque 5000 abonnées sur Instagram. L’autre visage des activistes numériques, La Ronce, compte plus de 27 600 abonnés sur Instagram, 14 800 sur Youtube et 5 200 sur Twitter. Ce collectif a en partie profité de la publicité faite par la chaîne Youtube “Partager C’est Sympa”, qui compte à ce jour plus de 248 000 abonnés et plus de 110 000 vues sur cette vidéo.

La thèse du Free Digital Labor suppose que certains outils en ligne ou applications font partie du soi-disant capitalisme des plateformes, où le principal capital fixe est de nature immatériel. Il est constitué par un algorithme central, qui régule d’autres algorithmes faisant fonctionner l’économie de la plateforme. 

Pour Vercellone le terme Free Digital Labor est utilisé dans le double sens du mot free: « le travail à la fois gratuit et apparemment libre qu’une multitude d’individus effectue sur internet, souvent inconsciemment, est au profit des grands oligopoles du numérique et des data industries. Ceux-ci seraient parvenus à créer des écosystèmes dans lesquels les usagers participent à la production de données, d’informations et de contenus valorisés ensuite par les firmes à travers la publicité ou la vente d’autres services.»

Est-ce que le nombre d’abonnés sur un réseau social reflète le nombre d’activistes  qui prennent des mesures ? Bien sûr que non, cela rend compte de la portée communicationnelle, mais la thèse du Free Digital Labor, explique des phénomènes se produisant en ligne. Ces chiffres sont importants pour vérifier toutes les personnes qui ont été mises au service d’une plate-forme et de l’autre.
Quoi qu’il en soit, les start-ups, Now You Know par exemple, peuvent aussi engager dans un type de digital labor légitime, car le labeur des travailleurs doit être payé équitablement. Cardon pense qu ‘il semble donc difficile de soutenir que les plateformes soient des marchés neutres, «Elles ont bousculé les marchés traditionnels en révélant de nouveaux gisements d’activités à partir d’une mise en relation simple et sécurisée des offreurs et des demandeurs».

Contrairement à l’application Now You Know, Le Ronce ne dispose pas d’un outil propre, mais utilise Instagram et Youtube. Dans ce scénario, les utilisateurs serviraient à alimenter l’algorithme de ces grandes entreprises, mais cela se produit dans tous les cas, par rapport à tous les profils présents sur les réseaux sociaux. Ce collectif souhaite surtout que les utilisateurs passent sur son profil, essentiellement pour transmettre des messages et obtenir des activistes qu’ils exécutent les actions recommandées.

Pédagogie et actions réticulaires

Les moyens de conquérir un public dans chacun des cas sont l’utilisation de contenus informatifs et pédagogiques. «Une hausse des températures de +2 degrés signifie que la majorité des habitants de notre planète ne pourront plus se nourrir correctement ca c’est inquiétant» Explique Maubacq, «l’idée de Now You Know en plus d’éduquer c’est encourager les gens à agir en faveur de l’environnement et des petits gestes».

La Ronce ne travaille que sur des appels à l’action sur le plan réel, dans ce cas précis la détérioration de produits. C’est  un exemple de la façon dont internet se prête à des actions réticulaires non hiérarchiques. Selon Cardon et Granjon, «ce sont d’abord les militants les moins organisés et les groupes les plus périphériques qui se saisiront les premiers de ces nouvelles possibilités de communication qui privilégient l’horizontalité sur l’organisation verticale et hiérarchique».

Cela est confirmé lorsque la réponse à la question «Tout marche grâce à Instagram ou vous avez un autre moyen de contacter les organisateurs ?» : «Ah non, j’ai tout vu sur Instagram et Youtube, j’ai vraiment entendu parler d’eux par une vidéo de Partager C’est Sympa (chaîne youtube). J’ai fait ma part en suivant les consignes d’Instagram, mais je n’ai pas été contacté en privé, je ne pense pas que ce soit nécessaire, c’est très clair ce qu’on doit faire.» Exprime l’activiste.

On pourrait dire, d’après l’expérience de cette militante, que le collectif ne prend pas de chemins privés pour communiquer avec les activistes, mais qu’ils accomplissent tous leurs appels à l’action en public en utilisant leurs propres profils de réseaux sociaux. Pour Durand «l’ensemble de la société est touché par ce mouvement d’hybridation du pouvoir. Non seulement les internautes créent des logiciels et des contenus, mais ils changent aussi les modes de transmission et d’élaboration des biens et des idées, imposant des règles plus horizontales et plus ouvertes».

L’activiste de La Ronce  ajoute que le collectif « c’est comme l’Anonymous de la France», et elle fait une analogie lorsque «les activistes jetaient de la peinture rouge sur les manteaux en fourrure des riches, c’est un mélange, j’adore l’impact de La Ronce sur les réseaux sociaux». 

Il est visible dans ce cas, que cette personne se sent faire partie d’un mouvement, elle a un sentiment d’appartenance par rapport à la cause. De plus elle a comme référence deux phénomènes précédents à succès : le premier étant l’existence d’Anonymous et le second les actions associées à la protection des animaux.

Quand les activistes de La Ronce sont incités à ouvrir des paquets de sucre dans les supermarchés, et ensuite prendre en photo les bouchons volés, la photographie est souvent re-partagée par le profil de La Ronce, nous trouvons que c’est un acte de reconnaissance du «mérite» des activistes, qui génère en plus un effet multiplicateur du message.

Segnale Durand : «Avec d’autres phénomènes, dont les anonymous sont l’incarnation la plus spectaculaire à l’échelle mondiale, ils ont signifié la volonté des peuples d’être associés à la prise de décision, de contribuer de manière ouverte et directe à l’invention de leur avenir et de refuser les distances entre gouvernants et gouvernés, caractéristique des âges précédents de la démocratie

Autre élément intéressant, face au discours officiel en la matière des néonicotinoïdes, le collectif met à disposition un nuage de stockage (Sur Google Drive) avec toutes les informations nécessaires pour s’informer sur ce type de pesticides, mais aussi les moyens de contacter les grandes entreprises par appel et e-mail, ainsi que des messages pour imprimer et coller sur les emballages polluants.

Tout cela témoigne d’une ferme volonté de démocratiser l’information, de démentir la parole des grands lobbies commerciaux et de donner aux activistes l’empowermentsur un discours plus fort. 

Pour ces mouvements, la voie éducative est celle envisagée afin d’élever sa communauté sur les réseaux sociaux et autres interfaces numériques, ainsi qu’encourager les utilisateurs à passer l’action. Mais dans l’action de la Ronce, on trouve un façon d’être très bien traité par les auteurs, qui vise à favoriser la mobilisation dans l’anonymat de manière non hiérarchique.

Dans la recherche de points communs

Démarche photographique

A travers son opération « épine sucrée », La Ronce appelle à la destruction de certains paquets de sucre dans les supermarchés. Le sucre, première drogue mondiale, induit une dépendance caractérisée par des modifications comportementales et cérébrales. Dans un registre similaire, le numérique crée également cette dépendance, notamment sur les réseaux sociaux qui nous abreuvent de dopamine en permanence. Réseaux sociaux qui soit dit en passant  « se sucrent » grâce au free digital Labor présent sur leurs plateformes, tout comme les magasins de grande distribution et certaines entreprises sucrières qui accumulent des profits au détriment de la préservation de la planète.
Chaque cristaux  représente un individu s’inscrivant dans un système en réseau, où chacun est relié à l’autre. En plus de son aspect graphique, le sucre symbolise ici des notions telles que l’expansion d’un réseau, l’horizontalité ou la verticalité présent dans un processus de décision collectif…

Nous avons déjà esquissé nombre de points communs sur ces deux initiatives. Cependant, nous nous permettons de souligner les plus frappants par rapport au numérique et l’usage social qui en est fait.

1. Une chose est claire, c’est la capacité de ces deux initiatives d’exploiter les potentialités du numérique de façon très différentes, mais nous constatons que les deux actions donnent au citoyen une raison d’agir pour l’environnement

Les utilisateurs de l’application Now You Know, deviennent capables d’avoir une dimension beaucoup plus large par rapport au nombre d’initiatives pour le climat qui se produisent sur tout le territoire français. Dans le même temps, ils ont la possibilité directe de soutenir les projets qu’ils souhaitent. Avec la Ronce, le public acquiert des informations disruptives par rapport aux informations officielles, et se charge de la solution d’une manière physique, même avec les risques que pourrait représenter chaque acte.

2. Les deux offrent un outil pour agir. Si bien qu’ils ont une manière opposée de se relier aux entreprises. Les deux collectifs trouvent leur axe d’impact par le fait que les citoyens traversent leurs outils numériques. En soit, ils doivent être dotés de compétences minimum sur le plan numérique : télécharger une application et l’utiliser, dans le cas de Now You Know. Ou être utilisateur d’Instagram et Youtube pour regarder un fil d’actualité dans le cas de La Ronce, et ensuite peut-être passer à l’action sur le plan réel. Ces deux collectifs dépendent toujours de l’interaction des utilisateurs dans la phase numérique en premier lieu.

3. Dans le nouvel activisme, le numérique est un moyen, malgré le paradoxe qu’il représente pour la lutte environnementale. Ceci est bien décrit dans le Livre blanc numérique et environnement, qui indique à ce sujet que «Le numérique n’est pas intrinsèquement bon ou mauvais pour l’environnement. Il est ce que nous en ferons.(…) Les acteurs privés du numérique doivent assumer la responsabilité qui va de pair avec l’importance qu’ils représentent dans l’évolution de toute l’économie, de tous les domaines de la société». 

C’est précisément ce que nous observons avec les outils que nous avons étudiés. Le public décide quand et avec qui agir. Pour Durand «Le modèle porté par les réseaux ne bouleverse pas seulement la manière dont chacun accède aux biens ou aux services. Il est surtout porteur d’un esprit démocratique, frondeur, libertaire, créatif, incarné par des individus désireux de conserver leur liberté et prêts pour cela à inventer leurs propres règles».

En définitive, il dépend de chaque utilisateur et utilisatrice de décider d’agir dans les alternatives présentes dans le milieu numérique. Dans cet interaction avec les outils, le citoyen doit être pleinement conscient des avantages et des inconvénients que comporte l’utilisation des plateformes, en termes d’environnement mais aussi sur le plan social. Cela dépend significativement du traitement pédagogique que les collectifs numériques donnent à ce sujet.

CARDON, Dominique, Granjon, Fabien, « Médiactivistes » (2013), Presse de sciences Po.

CARDON, Dominique, «Digital labor», Dans : Culture numérique (2019), pages 340 à 350.

DURAND, Emmanuel, «Les publics», Dans: La menace fantôme (2014), pages 35 à 58

Iddri, FING, WWF France, GreenIT.fr (2018). Livre blanc Numérique et Environnement.

VERCELLONE C. « Les plateformes de la gratuité marchande et la controverse autour du Free Digital Labor : une nouvelle forme d’exploitation ? », Dans : Revue Ouverte de l’Ingénierie des Systèmes d’Information (ROISI), Volume 20-1, n° 2, (2020).

https://www.vie-publique.fr/loi/276032-loi-derogation-utilisation-pesticides-neonicotinoides-betteraves

https://www.anses.fr/fr/content/les-n%C3%A9onicotino%C3%AFdes

https://reporterre.net/Pour-proteger-le-vivant-mettons-un-joyeux-bordel

https://drive.google.com/drive/folders/1QGPBDVF0OPUno5X2nfYnnl_92ramYE2I

L'auteur.e

En tant qu’avocat, il s’est toujours intéressé à relier le droit et la scène culturelle. Fondateur de la Fondation Artistas 4x4 et amant de la cause environnementale.

Le.la photographe

Après un BTS audiovisuel, Léo Guillet concentre son intérêt sur la photographie et poursuit ses études à l'ENS Louis-Lumière. Attiré par la plastique de l'image, ses recherches portent autant sur la matière photographique que sa dimension documentaire. En parallèle de son travail personnel, Léo continue la pratique de la vidéo en collaboration avec Sacha Marcelin. Ils réalisent notamment plusieurs courts-métrages et documentaires.

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